Pages

mardi 14 septembre 2010

Regard sur la société japonaise à la veille de la journée du respect des aînés

A l’occasion de la journée nationale du respect des personnes âgées le 21 septembre, le Japon dont la population vieillissante décroît depuis 2005 honorera ses aînés dans un climat rendu morose par le scandale des centenaires portés disparus.




Des centaines de super-centenaires manquant à l’appel

Le scandale vit le jour en juillet 2010 lorsque, voulant féliciter l’homme qui avec 111 ans devenait l’homme le plus âgé de la ville, la police de Tokyo découvrit le corps momifié allongé dans son lit du malheureux où il avait rendu l’âme il y a 32 ans. A cette macabre découverte s’ajouta l’étrange absence de la doyenne de la ville constatée le mois suivant où elle devait fêter ses 113 ans. De ces déconvenues est née une campagne d’investigations lancée par les autorités dans les 47 préfectures japonaises dont les résultats allaient mettre en émoi l’opinion publique.

Dans les principales villes du pays on dut constater que des citoyens d’une longévité exceptionnelle n’étaient plus de ce monde depuis des décennies parfois et ce malgré leurs présences dans les registres familiaux gérés par les autorités. Dans la ville de Kobe on constata la disparition d’une femme de 125 ans et celle de nombreux autres centenaires, à Yao celle de 18 super-centenaires âgés de plus de 120 ans dont un de 137 ans, à Osaka où un homme de 149 ans figurait dans la liste des 228 habitants âgés de 120 ans et plus, ou encore Nagoya où les autorités n’ont pu retrouver la trace d’une femme âgée de 106 ans.

Des âges surréalistes qui décontenancent dans un pays très fier de l’espérance de vie de ses citoyens et qui en vient à douter du chiffre officiel de 40 399 annoncé en 2009 par les autorités. Des questions également sur le rôle des familles, des proches et des autorités dans ce qui s’apparente à une preuve du délitement du modèle social japonais où les aînés sont sensés achever leurs vieux jours entourés de l’amour de la famille.

Le laxisme des autorités complice d’une fraude de grande ampleur

La famille de l’homme momifié n’avait pas déclaré sa mort et aurait continué à toucher sa pension de retraite puis la pension de veuvage lié au décès de son épouse six ans plus tôt. Ces révélations ont fait craindre l’existence d’une gigantesque fraude aux pensions de retraites du très coûteux système de retraite japonais. Le ministère de la santé a d’ailleurs lancé une enquête concernant 840 cas suspects de personnes âgées de plus de 85 ans objets de fraudes à la pension. Il s’est avéré que certaines familles ont perçu des sommes s’élevant à plusieurs millions de yens ainsi que des présents offerts par les autorités aux centenaires pour célébrer leur longévité.

Dans une société qui observe un strict respect de la propriété privée les organismes en charge du suivi du bien-être des personnes âgées avouent être dans l’incapacité de visiter de force une personne si jamais sa famille s’y oppose. Le laxisme des autorités sur la mise à jour des registres familiaux dans un pays aussi avancé que le Japon tout comme le versement des pensions de retraite et autres prestations sociales sans contrôle de l’existence des bénéficiaires jouent un rôle évident dans ce phénomène de dissimulation des décès des retraités. De graves manquements au niveau administratif auxquels le gouvernement est décidé à mettre un terme à travers par exemple l’obligation de rencontrer physiquement les personnes de plus de 110 ans.

Au-delà du coût financier d’une fraude de grande ampleur, les Japonais se demandent comment il est possible que des anciens meurent seuls, à l’écart de la société, échappant à la vigilance des familles et des différents organismes en charge leur suivi. D’aucuns se lamentent même sur le devenir du devoir d’assistance des jeunes générations à l’égard des plus anciennes dans le Japon moderne. Des doutes sur l’état de la société japonaise que semble partager le ministre de la santé qui cite lui aussi la distorsion des liens familiaux parmi les causes probables de ces évènements qui ont choqué le pays ces dernières semaines.

Conscience d’un devoir d’assistance aux anciens

Le Japon a une longue tradition de respect des personnes âgées. La vieillesse perçue comme une étape de la vie où l’homme s’affranchit des obligations sociales, est assisté par sa famille et reçoit le respect de la communauté a droit à une journée de commémoration chaque troisième lundi du mois de septembre où l’on célèbre la journée nationale de respect aux aînés. A cette occasion chaque nouveau centenaire reçoit symboliquement une lettre du premier ministre ainsi qu’une coupe en argent.

Dans la tradition japonaise, au sein d’une fratrie, c’est au fils aîné que revient le devoir de prendre soin des parents âgés. Dans une société où les deux-tiers des personnes âgées choisissent de vivre avec leurs enfants, envoyer un parent retraité dans des lieux d’asile spécialisés reste encore un acte mal perçu. Malgré d’importants changements dans l’environnement social de la société japonaise dus au vieillissement accéléré de la population, de nombreux Japonais continuent de croire en ce modèle familial.

Aujourd’hui 3 voire 4 générations vivent sous le même toit même si la tendance est plutôt à l’atomisation de la famille sur le modèle occidental. Mais la tradition persiste et conditionne les citoyens qui se trouvent dans l’obligation morale de prendre en charge les aînés. L’État qui a toujours tenu compte de cette réalité culturelle a du coup peu investi dans des structures favorisant une alternative à la prise en charge familiale. Compte tenu de l’espérance de vie exceptionnelle du pays ces cohabitations multigénérationnelles induisent des conflits de valeurs au sein de la famille et rendent cet exercice parfois périlleux.

Une tradition qui se heurte à la problématique de la prise en charge du troisième âge

Les familles ont encore du mal à se faire à l’idée qu’une assistance professionnelle constitue parfois la meilleure solution pour cette catégorie de la population. Pourtant la prise en charge de personnes atteintes de maladies séniles graves comme l’Alzheimer requiert de réelles compétences dont peu de familles sont pourvues. Malgré la participation de l’État et des assurances, les dépenses de soins de santé des personnes âgées incombent pour beaucoup à la famille. Dans le cas de couples de deux enfants uniques ayant à leur charge 4 parents encore vivants ces dépenses peuvent avoir un caractère prohibitif.

Alors face à l’ampleur des transformations démographiques, l’idée que l’aide familiale ne peut suffire à résoudre durablement les problèmes posés par le vieillissement de la population fait doucement son chemin dans le pays. Ces difficultés rencontrées par les familles dans la gestion de la problématique d’aide aux anciens influent sur la mutation de la structure de la famille japonaise. Un sondage a montré que 50 % des Japonais ne pensaient plus qu’il était du devoir du fils aîné de s’occuper de ses parents même si 63% répondent qu’il est naturel qu’un enfant prenne soin de ses parents âgés.

Cette prise en charge des aînés par les membres d’une famille devient de moins en moins systématique et cela inquiète les autorités qui sont contraintes de trouver des solutions pour pallier à cette absence de solidarité familiale. La posture du gouvernement sur la désintégration de la famille traditionnelle japonaise peut aussi se comprendre au regard des reformes politiques qui devront nécessairement être menées si de plus en en plus de Japonais confiaient à l’État l’entière responsabilité de l’assistance aux citoyens les plus âgés. Face à ces comportements nouveaux l’urgence de solutions alternatives ou complémentaires à la tradition pour la prise en charge du troisième âge se fait sentir.

Un vieillissement rapide qui s’accompagne d’un lent déclin de la population

Parmi les pays industrialisés le Japon est celui qui connait le plus rapide vieillissement de sa population avec une espérance de vie de 79,5 ans pour les hommes, 85 ans pour les femmes et 22,7% de la population âgée de plus de 65 ans. Ce vieillissement fait face à la chute du taux de natalité qui constitue un autre sujet de préoccupation des autorités du pays. Dans certaines villes la moyenne de la population âgée de plus de 65 ans est déjà le double de la moyenne nationale et on n’y compte plus les fermetures d’écoles ou de lignes de bus.

Au sein de la population des centenaires, une nette accélération de leur croissance est constatée depuis 1996 où elle s’élevait à 7 373 pour dépasser les 28 000 aujourd’hui. Au rythme actuel le Japon qui compte actuellement 127 millions d’habitants pourrait voir sa population chuter à 100 millions en 2050 et les projections de l’ONU prévoient 1 million de centenaires au Japon la même année. Ces transformations qui toutefois témoignent de la qualité de vie et du système de santé du pays pourraient avoir des conséquences désastreuses sur son économie avec la diminution de la proportion des actifs et le coût exorbitant du système des retraites pour ne citer que ces deux cas.

La rapide modification du tissu social japonais exige comme réponse le développement tout aussi rapide de structures d’accueil des personnes âgées et d’infrastructures de soins à la hauteur de l’enjeu démographique. Le poids démographique déjà atteint par cette catégorie dans la société japonaise doit amener à repenser son rôle dans la communauté hors du cadre du schéma proposé par la famille traditionnelle où elle est une véritable charge financière pour les jeunes générations et où son épanouissement sera de moins en moins garanti avec l’allongement de l’espérance de vie.

Le « kodokuchi » : la mort seule comme échappatoire aux souffrances physiques et psychiques

Le Japon est le pays ayant le plus fort taux de suicide chez les personnes âgées de tous les pays industrialisés. En 2000 le taux de suicide était de 24 personnes sur 100 000 et ce taux montait à 48 pour 100 000 chez les plus de 90 ans. Parmi les nombreuses causes du suicide chez les personnes âgées il y a l’isolement, l’absence de liens sociaux mais aussi des situations conflictuelles avec les nouvelles générations. Les anciens doivent souvent composer avec l’idéal d’une vie familiale où ils sont entourés et aimés comme le veut la tradition et la réalité des tensions familiales, la vulnérabilité économique et l’absence de soins adaptés.

En 2004 une étude portant sur la maltraitance des personnes âgées a montré que la plupart des mauvais traitements reçus par les victimes provenaient de leurs fils. La forte proportion des fils parmi les auteurs d’actes de maltraitance sur des personnes âgées est due aux difficultés rencontrées par ces derniers pour quitter le domicile parental, se marier et fonder une famille à leur tour. Cependant la majorité des abus déclarés par les victimes étaient psychologiques à 64% et perpétrés par des personnes n’ayant même pas conscience des torts commis. Le mal-être des anciens est donc avant tout moral.

Une santé fragile reste néanmoins la principale source de mal-être et d’isolement chez les personnes âgées. Les autorités sanitaires du pays ont initié une politique de prévention contre de graves maladies comme l’Alzheimer ou le Parkinson qui réduisent considérablement la mobilité des patients et favorisent leur isolement social. Il y a environ 1 million de personnes atteintes de démence sénile au Japon et on estime à 5% la part des personnes de plus de 65 ans ne pouvant quitter leur lit. Le confinement de l’espace social résultant de ces situations critiques conduit aussi à des tendances suicidaires. De plus en plus de Japonais sont victimes du « kodokuchi », la mort seule qui, rien que dans la ville de Tokyo a concerné 2211 personnes de plus de 65 ans en 2008.

Une nouvelle forme de délinquance en plein essor : la délinquance des séniors

En proie à des difficultés économiques et à la solitude, de plus en plus de personnes âgées se livrent à des actes de délinquance mineure comme le vol. Des problèmes liés à cette forme de délinquance sont en forte augmentation. De 1999 à 2008 le nombre d’arrestations de personnes âgées de plus de 65 ans a triplé pour atteindre 48 786 dont le tiers impliquait des récidivistes. Les vols constituaient 68% des motifs d’arrestation et les fraudes pour moins de 2%. Parmi les récidivistes 60% étaient des personnes vivant seules, un chiffre qui interpelle et qui est à rapprocher avec un curieux phénomène poussant des personnes âgées à rechercher la prison où les soins prodigués par l’administration pénitentiaire et la compagnie des codétenus les mettent momentanément à l’abri de l’isolement social.

Dans un pays où le respect dû aux anciens est grand les autorités n’osent poursuivre en justice les personnes âgées et les magasins volés par ces derniers n’osent même pas déclarer ces vols à la police. Une pression psychologique due aussi au fait que des cas de vols de médicaments par des aînés qui ne peuvent s’en offrir sont courants. La faiblesse des revenus et la précarité qui en résulte engendrent des problèmes d’alcoolisme, de suicide et de délinquance jusqu’alors peu connus du pays.

En 2006 sur l’île d’Hokkaido la police a signalé que le nombre de personnes âgées arrêtées était supérieur à celui des adolescents. Un signe de plus de l’aggravation de la situation démographique du pays qui affecte l’économie et précarise de plus en plus la population des retraités. La pénurie de la main d’œuvre est déjà visible dans le secteur des services aux personnes âgées qu’elle affecte durement obligeant l’État japonais à aller à l’encontre de la tradition de fermeture du marché du travail aux étrangers en recourant timidement à l’immigration d’infirmières.

Recours à l’immigration choisie

Le japon constate depuis quelques années une diminution du nombre des infirmières et aides-soignantes travaillant sur son sol. Le nombre de personnes travaillant dans le système de santé est passé de 400 000 en 2006 à 350 000 en 2009. Ce secteur attirant peu les jeunes Japonais, l’État s’est tourné vers l’étranger et a noué des accords avec les pays du Sud-Est asiatique comme l’Indonésie et les Philippines pour tenter de solutionner un problème amené à s’aggraver dans un futur proche. Une immigration très ciblée sur les métiers d’assistance aux personnes âgées et qui se déroule dans un cadre très stricte limité dans le temps.

En Mai 2009, 300 infirmières et aides-soignantes philippines sont arrivées au Japon pour travailler dans les hôpitaux et les résidences pour personnes âgées. Les tâches que doivent réaliser ces infirmières immigrées sont plutôt basiques comme par exemple l’alimentation et la toilette des personnes âgées. Ces dernières ne bénéficient pas du même statut professionnel que les infirmières japonaises et reçoivent par conséquent des rémunérations inférieures à celles de leurs homologues japonaises. Ce recrutement à l’étranger qui présente quelques avantages évidents d’un point de vue économique pour l’État a suscité dans la profession une crainte sur la détérioration de la qualité de service et l’accaparation de ces métiers par ces étrangères au détriment des Japonaises.

Pour répondre aux critiques des associations d’infirmières qui fustigent la méconnaissance de la langue et la culture japonaise par ces travailleurs immigrés le gouvernement a fait de l’apprentissage de la langue japonaise un impératif destiné à faciliter l’intégration dans la société et à ouvrir les voies de la professionnalisation. Les infirmières immigrées ont droit à 6 mois de cours de japonais en dehors des heures de travail et doivent passer un examen de certification qu’elles ne peuvent repasser en cas d’échec. Cet examen de langue réputé très difficile fait d’ailleurs l’objet de nombreuses critiques car au lieu de favoriser l’insertion des travailleurs immigrés il s’avère être en réalité un obstacle de taille au cas où ces derniers voudraient s’établir définitivement dans le pays.

Des métiers aux exigences hors de portée des immigrés

L’immigration doit faire face au souci de l’État japonais de valoriser les métiers d’assistance aux personnes âgées pour les rendre attractifs aux yeux de la jeunesse japonaise qui s’en détourne. Dans les années 90 l’État a encouragé le développement de nouveaux programmes universitaires destinés à élever le niveau de formation des infirmières et à mieux les préparer aux besoins du pays dus au vieillissement de la population. Les formations des infirmières n’étaient désormais plus simplement axées sur la pratique mais accordaient une large part à la théorie avec un cursus universitaire donnant lieux à un examen d’obtention d’une licence d’infirmière.

Pour devenir aide-soignant professionnel ou infirmier certifié au même titre que les Japonais, les travailleurs immigrés doivent passer un examen qui leur ouvre la porte des hôpitaux et des cabinets médicaux avec à la clé des rémunérations conséquentes. C’est d’ailleurs une étape indispensable pour espérer une quelconque progression de leur carrière japonaise. Mais là encore la difficulté est telle que ce rêve là est hors de portée de la quasi totalité de ces travailleurs. En 2009 sur les 570 Indonésiens et 310 Philippins travaillant dans ce secteur, 254 ont osé passer l’examen d’infirmier au Japon et seulement 3 l’ont réussi et acquis le statut de d’infirmier certifié.

Actuellement les infirmières immigrées sont autorisées à travailler un maximum de 3 ans au Japon, une durée qui est de 4 ans pour les aides-soignantes. Elles doivent mettre à profit ce laps de temps pour apprendre la langue et la culture japonaise, s’intégrer dans la société et faire carrière dans la mesure du possible. Les échecs des travailleurs immigrés à réaliser cet idéal de l’immigration japonaise trahissent l’ambiguïté des autorités de ce pays qui d’une part œuvrent pour que les étrangers viennent assister sa population vieillissante, d’autre part s’assurent que ces immigrés ne pourraient définitivement s’installer au Japon. Dans ce pays qui se voit comme ethniquement homogène le recours à une immigration même très limitée et contrôlée n’est pas chose aisée. L’immigration n’est d’ailleurs pas la seule solution envisagée par l’État japonais comme l’attestent son implication dans le financement des programmes de recherche et développement destinés à la robotique pour personnes âgées.

La technologie au secours de la vieillesse

Face à la réalité du vieillissement rapide de la population et du manque de personnels dédiés à l’assistance aux séniors les questions éthiques soulevées par le remplacement d’infirmières par des machines semblent dépassées. Le Japon déjà en pointe dans le domaine de la robotique investit énormément dans la recherche de la conception de robots assistant sa population vieillissante au point que plus de 20 entreprises travaillent actuellement sur des projets de robotique destinés à l’assistance aux personnes âgées.

Le pays semble connaître une véritable effervescence dans ce domaine si on se réfère aux nombre de robots toujours plus sophistiqués qui chaque année voient le jour. Ces solutions visent non seulement à rendre la vie plus simple aux personnes âgées mais aussi aux personnels soignants. Il existe aujourd’hui des robots qui grâce au concept de membre hybride assisté renforcent et coordonnent les membres d’une personne atteinte de la maladie de Parkinson. De même qu’il y a désormais des solutions de renforcement des membres des travailleurs manuels qui augmentent les capacités d’endurance et diminuent la pénibilité de certains travaux. Dans un secteur comme l’agriculture où les deux-tiers des travailleurs ont plus de 65 ans de telles solutions sont une aubaine.

Le délitement de la structure familiale traditionnelle est également pris en compte dans les solutions robotiques envisagées par les scientifiques et ingénieurs japonais. Certaines constituent des alternatives crédibles à la cohabitation multigénérationnelle. Il existe par exemple des solutions reliant en permanence des familles aux lieux de résidences des anciens à travers des systèmes vidéo, des robots capables de se connecter à Internet, de lire des e-mails ou envoyer des alertes aux familles. Certains robots peuvent même alerter la famille en cas de problème comme une chute dans la salle de bain ou transmettre régulièrement des images aux proches des personnes. Un robot conçu par l’entreprise Mitsubishi est avec ses 10 000 mots capable de comprendre un certain nombre de questions et d’y répondre. Il peut aussi en poser sur l’état de santé de la personne assistée et alerter les proches en fonctions des réponses reçues. Quelques entreprises proposent des robots servant d’animaux de compagnie comme remède à l’anxiété et la dépression chez les personnes âgées souffrant de maladies graves ou de solitude.

Des innovations technologiques qui profiteraient aussi à l’économie japonaise

L’effervescence autour des projets de robotique pour séniors est d’autant plus soutenue par les autorités japonaises que ces dernières considèrent le Japon comme l’avant-garde d’un phénomène de vieillissement accéléré de la population auquel devront faire face d’ici quelques décennies l’ensemble des pays industrialisés. Ces innovations technologiques japonaises préparent donc l’avènement d’un marché encore insoupçonné dans la majorité des pays occidentaux où le taux de natalité permet d’envisager des solutions beaucoup moins radicales. Ces produits à fortes valeurs ajoutées seront source de croissance pour les exportations du pays et l’avance technologique acquise pourrait garantir une mainmise sur un marché potentiellement important.

Mais la prise en considération du poids démographique grandissant des séniors n’est pas simplement une option pour des entreprises désireuses d’explorer un marché nouveau, c’est même une question de survie pour un secteur comme l’industrie des jouets qui pâtit de la chute de la natalité au Japon. Le géant mondial des consoles de jeux Nintendo propose par exemple des jeux d’entraînements cérébraux et toute une gamme de jeux qui ne nécessitent plus la dextérité d’un gamin de 8 ans et sont donc accessibles aux séniors. Les fabricants de jouets pour enfants sont contraints de cibler cette population âgée et d’adapter leurs produits qui doivent désormais faire appel à plus de réflexion et donner l’illusion de maintenir la vitalité mentale de ces joueurs d’un autre genre.

L’engouement pour les produits de divertissement pour séniors s’explique en partie par le fait qu’ils sont vendus à des prix attractifs qui ont facilité leur expansion dans le marché. Mais il n’en est pas de même des robots qui bien que de plus en plus dotés de fonctionnalités pratiques restent extrêmement chers et sont hors de portée des familles ou des structures médicales qui voudraient investir dans ce type de produit. Le second obstacle qui ne peut être occulté reste l’affectif. Même si certains robots sont capables de simuler des émotions, converser, distraire ou rendre de réels services aux bénéficiaires, il n’est pas dit que le remplacement des aides-soignantes par des machines sera une solution viable à la pénurie de travailleurs. Le pari de l’innovation technologique dans la lutte contre le déclin de la main-d’œuvre ne sera gagné que si ces innovations s’accompagnent de profonds changements sociaux.

Un modèle social à repenser

Depuis les années 70 les gouvernements japonais successifs ont tenté d’anticiper le problème du vieillissement de la population qui se pose aujourd’hui de manière très aiguë et suscite des inquiétudes sur la situation socio-économique du pays avec l’augmentation du coût des retraites, des dépenses de santé, la diminution de l’épargne et des investissements ou encore la baisse de la main d’œuvre. En 2009, les dépenses de la sécurité sociale se sont élevées à 91,4 milliards de Yen soit 22,1% du PIB. Une réforme de l’assurance santé pour les plus de 75 ans et le passage progressif de l’âge de départ à la retraite de 60 à 65 ans ont déjà été adoptés comme mesures pour diminuer les dépenses de l’État. Mais des sources de financement nouvelles des retraites restent encore à trouver. Un sondage en septembre 2009 a montré que 60% des parlementaires du parti au pouvoir pensent que le gouvernement devrait inclure une augmentation des impôts et réformer drastiquement le système des retraites et la sécurité sociale.

Toutes ces réformes économiques pourront cependant s’avérer encore insuffisantes si le déclin de la population japonaise n’est pas enrayé. Les différentes mesures qui ont jusqu’à présent été prises pour améliorer la natalité du pays sont sans grands effets. L’État encourage par exemple la natalité en offrant 5 000 yens par mois et par enfant jusqu’à l’âge de 3 ans. Actuellement le taux de natalité y est de 1,3 enfant par femme en moyenne contre 2,1 nécessaires pour assurer le renouvellement de la population. Les prévisions les plus sombres prévoient une population de 60 millions d’habitants à la fin de ce siècle au rythme actuel.

Dire que la chute de la natalité est une préoccupation dans la société japonaise est un euphémisme et ce mal japonais dont les aspects les plus visibles comme l’absence des enfants, l’augmentation de l’isolement social ou du nombre de célibataires semblent profondément enracinés dans la société. Certaines municipalités ont même mis en place des services de rencontres pour favoriser les mariages et des entreprises n’hésitent plus à encourager leurs employés à faire des enfants. Cet isolement chez les hommes est en partie dû à un choix de carrière professionnelle privilégiant de longues journées de travail au détriment de la vie de famille. La place de la femme dans cette société-là a manifestement une incidence néfaste sur sa volonté de procréer et devrait être le point de départ d’une réflexion profonde sur le désir de la société japonaise de la voir à nouveau faire les 2,1 enfants nécessaires au renouvellement de la population.

Un déclin démographique qui sonne comme une rébellion de la femme japonaise

Bien que la tradition veule que ce soit le fils aîné qui s’occupe de ses parents âgés, ces tâches d’assistance aux anciens dans la famille tout comme les tâches ménagères sont en réalité dévolues à la femme de ce dernier. Avec le déclin de la population et du nombre d’actifs, de plus en plus d’opportunités sont offertes aux femmes en termes de carrières. La société japonaise attend donc de la femme qu’elle concilie la vie professionnelle, la vie de couple, l’assistance aux personnes âgées et qu’elle réponde au besoin de renouvellement de la population. Il devient tout à fait concevable qu’au foyer certaines femmes aient en charge les enfants, le mari, les parents de ce derniers voire les grands-parents, soit 4 générations. Si on en croit les statistiques sur l’augmentation du célibat et la chute de la natalité, ce mode de vie traditionnel ne constitue plus l’idéal pour beaucoup d’entre elles.

Le besoin d’émancipation et la pression professionnelle détourne aujourd’hui la femme japonaise du mariage et de la maternité. Avoir un enfant revient souvent pour elle à abandonner momentanément sa carrière professionnelle. Elle est d’autant plus contrainte à ce sacrifice qu’il existe peu de crèches et la tradition la pousse à devoir renoncer à son emploi pour élever les enfants. 70% des femmes travaillant dans des petites ou moyennes entreprises japonaises abandonnent leur emploi à la naissance de leur premier enfant. Le déclin de la population peut être envisagé comme sa réponse à elle par rapport au statut qui lui est accordé dans la société. La femme japonaise veut désormais assouvir son désir de faire carrière au même titre que l’homme, respecter tout comme l’homme ces horaires qui rendent difficiles la vie de couple mais favorisent la progression au sein de l’entreprise. Pour celles qui se marient ou font un enfant, cela arrive de plus en plus tard quand la situation professionnelle est consolidée.

Face à la diminution des actifs dans la société le gouvernement japonais envisage une politique migratoire plus sérieuse que celle très timide mise en œuvre dans le domaine de l’assistance aux aînés. Ce recours massif à l’immigration pour maintenir la compétitivité de l’économie japonaise est toutefois conditionné à la résolution préalable du problème de la chute du taux de natalité dans le pays. Cette résolution nécessite de repenser le rôle de la femme japonaise dans l’entreprise et dans la société en générale en accordant une importance particulière à la place que doit y tenir la maternité. Trop d’obstacles se trouvent encore sur le chemin des femmes qui veulent enfanter tout en conservant les bénéfices d’une carrière professionnelle durement conquise. Pour faire déjouer les sombres pronostiques sur le déclin de sa population et de son économie, la société japonaise doit rendre l’épanouissement professionnel des femmes de moins en moins incompatible avec la maternité.

NomeFam



La question religieuse complique l'élection à la présidence du Nigeria

Un accord d’alternance au pouvoir entre chrétiens et musulmans est mis à mal par la volonté du président chrétien par intérim de se présenter aux élections de 2011 après la mort prématurée en mai 2010 d’un président musulman avant le terme de son mandat.


Une démocratie à l’épreuve du clivage religieux Nord-Sud

Lorsque Olusegun Obasanjo pris civilement le pouvoir en 1999 après 15 ans de gouvernance militaire, nombreux sont ceux qui ont pourtant vu en l'ancien général l'homme providentiel pour restaurer la démocratie au Nigeria. Le général Obasanjo qui avait déjà pris la tête du pays en 1976 dans une junte militaire arrivée aux affaires via un coup d'état en 1975, allait rendre le pouvoir aux civils 3 ans plus tard et doter le pays d'une nouvelle constitution. Vainqueur des élections présidentielles de 1999, l'ex-général sorti de sa retraite remit aussitôt au goût du jour le « Zoning System », un principe aujourd'hui contesté d'alternance démocratique du pouvoir entre les Nigérians issus du Nord du pays majoritairement musulman et ceux issus du Sud majoritairement chrétien. Un principe qui est en réalité un accord non écrit au sein du Parti Démocratique du Peuple (PDP) archi-dominant dans le paysage politique nigérian. Au terme de son second mandat qui s'acheva en 2007, après de nombreuses manœuvres politiques visant à écarter de la course à la présidence les aspirants les plus crédibles et une tentative avortée de modifier la constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels, Obasanjo sudiste-chrétien allait choisir un duo d'inconnus formé par le nordiste-musulman Umaru Yar'Adua et le sudiste-chrétien Gooodluck Jonathan pour représenter le PDP à la présidentielle de 2007. Le ticket à l'américaine Yar’Adua - Jonathan devait mener le premier à la présidence et le second à la vice-présidence du pays. La candidature de ces deux hommes sans assise ni notoriété politique au niveau national fit naître des craintes que ces derniers ne soient que des marionnettes du président sortant toujours désireux de tirer les ficelles du pouvoir. La crainte d'une gouvernance militaire alimentée par le passé du général poussa beaucoup de Nigérians à juger largement préférables ces manœuvres démocratiques face à la perspective de voir l’ancien général retrouver ses réflexes militaires et conserver le pouvoir d'une manière autoritaire. Obasanjo se conforma finalement à la constitution lors de cette élection présidentielle de 2007 où Umaru Yar'Adua et Goodluck Jonathan furent élus respectivement président et vice-président du Nigeria. L'ancien militaire qui à travers cette élection a permis la première transition démocratique depuis l'indépendance du Nigeria jouit aujourd'hui encore d'une image de fin diplomate à qui l'ONU confie des missions internationales de médiation dans les conflits de la région des grands lacs en Afrique.

La constitution impose un retour prématuré d’une présidence chrétienne

Umaru Yar'Adua de santé extrêmement fragile s'avèrera finalement être un président autonome mais la vacance du pouvoir liée à ses nombreuses hospitalisations en Europe et au Moyen-Orient allait mettre à mal l'équilibre religieux du partage du pouvoir. Dès février 2010 Goodluck Jonathan allait assumer la fonction de président par intérim et ce jusqu'à la mort d'Umaru Yar'Adua en mai 2010. Après moins de deux ans et demi d'exercice effectif du pouvoir, la constitution nigériane allait instaurer une présidence chrétienne de facto jusqu'à la fin du mandat du défunt président et la tenue de nouvelles élections en mai 2011. Conformément au « Zoning System » un vice-président musulman fut désigné. Cependant le « Zoning System » prévoyait 2 mandats nordiste-musulmans consécutifs de 4 années chacun et cette logique devait pousser le président en exercice le sudiste-chrétien Goodluck Jonathan à renoncer à toute candidature à la prochaine élection pour permettre à un nordiste-musulman de diriger le pays jusqu'en 2015. Mais Goodluck Jonathan qui semble beaucoup se plaire dans ses nouvelles fonctions présidentielles se montre peu disposé à laisser passer sa chance lors des prochaines élections. L'homme se garde d'ailleurs de dévoiler ses intentions et laisse ses proches divulguer des informations abondant dans le sens d'une candidature comme l'y autorise toutefois la constitution nigériane. Les partisans du président, majoritairement sudistes, veulent désormais la fin d'un système subitement devenu antidémocratique et anticonstitutionnel à leurs yeux. Le PDP après avoir longtemps tergiversé en excluant dans un premier temps les sudistes de la candidature à l'investiture du parti a annoncé que l'actuel président était en droit de se présenter aux prochaines élections de 2011. Les nordistes qui ne voient pas d’un bon œil le flou entretenu par Goodluck Jonathan sur l’éventualité de sa candidature le pressent de clarifier la situation et de ne pas se laisser influencer par ceux qui aujourd’hui l’encouragent à abolir une pratique qui l’a mené au sommet de l’État. Les nordistes n'hésitent d’ailleurs pas à brandir la menace d'une instabilité politique qui dans le passé a coûté la vie à des milliers de citoyens.

Une partition religieuse qui peine à masquer l'épineuse question de la partition ethnique du pays

Plus d’une décennie après son indépendance, face à l'instabilité politique du pays et à la multiplicité des coups d'État ayant conduit l'armée aux affaires, la classe politique a recherché un consensus visant à rendre le pouvoir aux civils et à pérenniser une démocratie encore fragile. Le « Zoning System » est alors théorisé en 1979 par le nordiste Shehu Shagari, le premier président civil élu du pays avec le double objectif de rendre les institutions démocratiques et de favoriser la représentativité des différents groupes ethniques pour réduire les risques de déstabilisation liés aux conflits ethniques dans la jeune nation nigériane. Le terme « zoning » renvoie aux six zones géographiques du pays dont 3 se trouvent au Nord et 3 au Sud. Dans un pays qui compte quelques 250 groupes ethniques, et où le pouvoir se concentrait dans les mains des représentants d'une poignée d'ethnies majoritaires, le principe du « Zoning System » qui ne concernait pas que la classe politique, devait garantir à tous l'accès aux institutions, à l'administration, aux entreprises publiques et ce quelque soit le poids démographique de l'ethnie à laquelle on appartient. En 1983 les militaires ne tardèrent pas à travers un coup d'État interrompant le second mandat de Shehu Shagari à mettre un terme à cette expérimentation. S'ensuivirent alors 15 longues années de gouvernance militaire pendant laquelle des généraux nordistes allaient se succéder au pouvoir jusqu'en 1999 année pendant laquelle Olusegun Obasanjo sudiste-chrétien de l'ethnie Yoruba arriva aux pouvoirs et réinstaura le « Zoning System ».

Un système politique de plus en plus contesté

Les détracteurs du « Zoning System » rappellent qu'il n'a aucun fondement constitutionnel et que ce n'est qu'un accord antidémocratique au sein du parti majoritaire dans le pays. Pour ces derniers le principe du « Zoning System » constitue un obstacle à l'émergence d'une méritocratie qui verrait les citoyens les plus talentueux de l'État occuper les postes les plus importants. A leurs yeux ce système qui amène au pouvoir des incompétents uniquement choisis sur des critères ethniques, géographiques ou religieux ne peut que favoriser le clientélisme, le népotisme, la corruption et l'incurie de l'État face aux défis économiques et sociaux auxquels doit faire face la population. Le « Zoning System » compte des détracteurs de part et d'autre de la ligne de séparation religieuse Islam-Christianisme du pays. Ces derniers qui contestent le rôle de maintien de la paix et de la stabilité que jouerait le « Zoning System » citent de nombreux exemples de conflits et de massacres interethniques qui ont accompagné la mise en œuvre de ses principes dans toutes les zones du Nigeria. On peut en effet citer le massacre dans la région d'Odi en novembre 1999 quelques mois après la prise de fonction du président Obasanjo, ceux de la ville de Zakibiam en 2001 ou plus récemment encore ceux de la ville de Jos en mars 2010 largement médiatisés dans les médias occidentaux. Tous ces conflits au sein de la population nigériane montrent que la paix et la stabilité restent encore un doux rêve qui tarde à devenir réalité. Pour beaucoup une stabilité durable dans le Nigeria actuel passe par un engagement fort dans le développement économique qui nécessiterait l'implication des hommes et des femmes les plus talentueux susceptibles de diriger les principaux secteurs économiques du pays. Cependant ces nombreuses critiques s’expliquent aussi par le fait que beaucoup de citoyens nigérians peinent à comprendre les principes du « Zoning System » et l’opacité des tractations dans les coulisses du parti dominant PDP pour le choix des candidats aux hautes fonctions de l'État est jugé antidémocratique. Les dérives qui en émanent donnent l’impression d’une oligarchie corrompue dont les membres se partagent le pouvoir tout en s’estimant représentatifs de la diversité ethnique et religieuse du pays.

Les hésitations du président Goodluck Jonathan lui-même et ceux des cadres du PDP montrent à quel point la société nigériane est divisée sur cette question de remise en cause du « Zoning System » qui compte encore de nombreux partisans dans le pays. Les partisans de cette « affirmative action » à la nigériane soulignent son apport dans la stabilisation politique du pays et la chance donnée aux personnes issues des minorités ethniques d'accéder au pouvoir. Le président du sénat, le président de l'assemblée nationale, le chef du gouvernement fédéral, le vice-président tout comme le président ont tous été choisis sur les critères du « Zoning System » que certains veulent voir disparaître. Dans la magistrature, le syndicalisme, la direction de la santé publique et les directions des universités du pays, on applique le « Zoning System ». Certains partisans qui concèdent toutefois qu'une évolution du principe devrait rendre son application moins systématique sur l'ensemble du territoire et dans le choix des candidats aux hautes fonctions de l'État rappellent aussi que cette discrimination positive profitent principalement aux leaders chrétiens et aux minorités ethniques jusqu'alors écartés du pouvoir par les ethnies majoritaires. Un des arguments de poids des soutiens de la probable candidature de Goodluck Jonathan est son rôle joué dans la transition pacifique du pouvoir après le décès de l'ancien président Umaru Yar'Adua et dans l'accalmie observée dans la région du delta du Niger. Mais cette accalmie précaire observée dans cette région pétrolifère pourrait tout aussi être liée à la présence au pouvoir d'un homme dont l'ethnie Ijwa est la même que celle des milices du mouvement pour l'émancipation du delta du Niger. Ce n'est donc pas un pur hasard si la tension retombe dans cette région au moment où un citoyen qui en est issu accède pour la première fois à la présidence 50 ans après l'indépendance du pays. Cette relative stabilité dans le pays pourrait cependant être mise à mal ces prochains mois par les nordistes qui n'accepteront pas la candidature de l'actuel président. Un débat dont on ignore encore les conséquences et qui risque d'accentuer encore plus les clivages religieux et ethniques qui constituent une réelle menace pour l'existence de la nation nigériane.


Un Etat qui a déjà payé au prix fort les velléités d’indépendance de ses ethnies

Moins d'une décennie après son indépendance le Nigeria allait connaître une guerre civile de 1967 à 1970 connue sous le nom de guerre du Biafra provoquée par la sécession d'une de ses régions orientales majoritairement peuplée par l'ethnie Igbo. Cette guerre qui a fait plus d'un million de morts et dont les principales causes sont liées aux conflits et aux luttes de pouvoir entre les ethnies majoritaires du pays allait faire prendre conscience à la population que les tensions ethniques constituaient le plus grave danger qui hypothéquait la survie du pays sous sa forme actuelle. Aujourd'hui encore les relations interethniques constituent une grave menace pour la sécurité des millions de Nigérians qui sont amenés à vivre dans des villes et des régions rendues multiethniques par la mobilité de la population en quête de travail. Depuis le début du régime civil en 1999, au moins 13 500 personnes ont été tuées dans les conflits ethniques ou religieux selon l'ONG Human Right Watch (HRW). Sur le plan politique, lorsque les partis ont émergé au Nigeria ils ont d’abord été le reflet des différentes ethnies dominantes du pays. La constitution qui a vu le jour en 1978 a tenté de résoudre ce problème en obligeant les partis à obtenir un soutien dans l’ensemble des régions pour être légalisés. Le système fédéral inspiré de celui des Etats-Unis a doté le pays de 36 Etats eux-mêmes divisés en de nombreuses entités dotées d’un gouvernement local. Ce fédéralisme censé mieux prendre en compte les spécificités culturelles des populations gouvernées n’a pas fait disparaître pour autant les conflits liés à la représentativité. Une instabilité qui pénalise économiquement ce pays qui est le plus peuplé d'Afrique avec 130 millions d'habitants et occupe le sixième rang mondial dans la production du pétrole dont les ressources se trouvent dans le delta du Niger. Les grandes compagnies pétrolières sont parfois contraintes de fermer les sites de production sous les menaces de groupes rebelles qui sabotent régulièrement les installations d'acheminement du pétrole et kidnappent les employés.

Mouammar Kadhafi conseille la scission du pays pour mettre fin aux sanglants conflits ethniques

En mars 2010 suite aux derniers massacres ethniques à caractères religieux dans la ville de Jos, l'excentrique guide libyen Mouammar Kadhafi avait suggéré au Nigeria une partition suivant le modèle indo-pakistanais en deux États entre le nord musulman et le Sud chrétien pour mettre un terme aux sanglants conflits ethniques dans les régions centrales du Nigeria où cohabitent les communautés chrétiennes et musulmanes. Une telle séparation difficilement concevable dans le Nigeria d'aujourd'hui était pourtant la situation de cette région avant 1914 lorsque les Britanniques décidèrent d'unifier leurs protectorats du Sud-Nigeria et du Nord-Nigeria de cultures pourtant radicalement différentes. Le ministre nigérian des affaires étrangères après avoir qualifié d'irresponsables les propos du colonel Kadhafi avait annoncé le rappel de l’ambassadeur nigérian à Tripoli la capitale libyenne. Après ces protestations officielles des autorités nigérianes Kadhafi alla plus loin dans la provocation en suggérant cette fois-ci non plus un démantèlement en deux États mais un démantèlement du Nigeria sur le modèle Yougoslave. Il rappela que l'ethnie Yoruba dans le Sud-ouest du pays veut un Etat, les Igbo dans le Sud et l’Est en veulent un aussi tout comme les Hausa dans le Nord et les Ijaw dans le riche delta du Niger. Les provocations de celui qui venait alors de diriger l'Union Africaine auront au moins eu le mérite d'attirer l'attention des autorités nigérianes sur l'urgence des indispensables mesures à prendre pour contenir les tensions entre quelques groupes ethniques qui peinent à cohabiter et donnent au monde entier une image absolument désastreuse d’un pays englué dans ses guerres tribales. Sans compter que lorsque les religions s’y trouvent mêlées cela alimente inévitablement les fantasmes d'une guerre de religions entre le monde chrétien et le monde musulman.

Impossibilité de pousser l’ethnicité hors du champ politique

Dans un pays où aucun groupe ethnique ne dispose d’assez de membres pour imposer une hégémonie par le biais des mécanismes d’une démocratie classique, les hommes et les femmes politiques ayant des ambitions nationales sont contraints de bannir de leurs discours toute référence à l’ethnicité sous peine de ne pouvoir rassembler au-delà de leurs communautés. Cette aptitude est d’autant plus nécessaire qu’il est difficile de faire émerger une conscience nationale au sein de ces populations où l’ethnicité est l’essence de l’individu. L’ethnie renvoie à l’homme l’image de ses traditions, de ses coutumes, d’un espace géographique qu’il croit sien, des croyances et tout un ensemble de choses dont il n’a pas conscience mais qui pourtant forgent son identité. Cette conception de l’ethnicité pourtant répandue en Afrique subsaharienne peut sembler étrange en Occident où l’ethnie est plutôt négativement perçue, dénuée de toute dimension culturelle, associée à de vagues caractéristiques physiologiques quand elle ne renvoie pas simplement aux bruyants combats des minorités pour se faire une place dans le paysage politico-médiatique. Au Nigeria comme ailleurs en Afrique noire les peuples souvent implantés de part et d’autre d’une frontière d'un État peuvent difficilement se référer à un référentiel culturel commun qui développerait en eux un fort sentiment d'appartenance à une nation. L’histoire du Nigeria en tant que nation n’est malheureusement pas celles de ses 250 groupes ethniques. Pour se débarrasser de l’ethnicité dans l’espace publique les politiques ont beau avoir adopté la rhétorique de leurs homologues occidentaux, ils ont beau jouer le jeu du bipartisme gauche-droite, socialiste-libéraux ou nationaliste-internationaliste, ils ont beau teinter leurs discours de relents marxistes ou capitalistes, parler de patrie, de nation, de république et de tous ces termes qui en Occident font consensus et sont rassembleurs, leurs ethnies restent leurs bases politiques. Cette situation n’est fort heureusement pas une fatalité comme le montre l’histoire d’Olusegun Obasanjo triomphalement élu en 1999 avec 62.6% de voix alors qu’il réalisait le plus faible de son score dans sa région natale où son ethnie Yoruba ne lui avait toujours pas pardonné l’abandon du pouvoir en 1979 à un candidat de l’ethnie Hausa. Rassembler par delà les considérations ethniques et garantir une fois au pouvoir une représentativité ethnico-réligieuse de la population du pays dans un contexte pacifique est un art extrêmement complexe. Le président nigérian Goodluck Ebele Jonathan que l'on décrit comme un homme chanceux tant son ascension au sommet de l'État a été fulgurante, dispose de peu de temps pour réaliser cette prouesse.


NomeFam

Le chaman d’Evo Morales incarcéré pour trafic de cocaïne

Le chaman du président bolivien Evo Morales au domicile duquel se trouvait un laboratoire de raffinage de la cocaïne a été arrêté par la police antidrogue.


La disgrâce d’un chaman dupé par des Colombiens

L’homme s’appelle Valentin Mejillones et c’est lui qui la veille de la prise de pouvoir d’Evo Morales en janvier 2006, présida une cérémonie au cours de laquelle le premier président amérindien de Bolivie allait être revêtu de pouvoirs cosmiques dans les ruines de la cité précolombienne Tiwanaku. Le chaman demanda à Pachamama la déesse Terre et aux esprits protecteurs Achachilas de veiller au bien-être du gouvernement Morales. Il remit également au nouvel homme fort du pays le bâton symbolisant son statut de chef suprême des Indiens des Andes. Le prêtre Aymara est comme Evo Morales issu de l’ethnie la plus importante du pays qui constitue son principal soutient politique.

Mardi 27 juillet des investigations portant sur l’activité des Colombiens dans la ville d’El Alto, cité de 1 million d’habitants proche de la capitale La Paz, ont conduit les policiers au domicile du chaman. Les forces spéciales de lutte contre le narcotrafic y ont trouvé une fabrique de purification de cocaïne de technologie colombienne ainsi que 350 Kg de cocaïne d’une valeur estimée à 300 000 dollars sur le marché bolivien. Selon la police la drogue en état liquide provenait du Pérou et devait transiter par le Brésil pour finalement atteindre les marchés européens et asiatiques où sa valeur marchande est estimée à 1,5 million de dollars.

Répondant aux questions des medias sur cette affaire, le chaman s’est dit surpris par cette découverte de la police et a affirmé avoir été trompé par le couple de Colombiens qui lui avait confié fabriquer des pastilles et des pommades à base de plantes. D’après la police le rôle du chaman dans ce dispositif consistait à alerter ses complices d’une présence policière dans le quartier. Les explications du guide spirituel ont peu convaincu la juge Marcela Siles qui a ordonné son incarcération tout comme celle de son fils et du couple colombien. Ils encourent jusqu’à 20 ans de prison pour trafic de drogue.

Afin d’éviter que des voix malveillantes s’empressent d’établir un quelconque lien entre le président et le guide spirituel, le gouvernement par la voix du vice-président Alvaro Garcia s’est très vite désolidarisé du chaman en précisant que ce dernier se devait de répondre de ses actes et qu’il ne bénéficiera d’aucune protection gouvernementale. Evo Morales a quant à lui gardé jusqu’à présent le silence sur cette embarrassante affaire. Une affaire de plus car en 2008 déjà les sœurs de Margarita Terán une de ses proches collaboratrices étaient arrêtées pour trafic de cocaïne là aussi. Cette situation est d’autant plus inconfortable pour le président bolivien qu’il a fait de la défense de la culture de la coca un axe fort de sa politique socio-économique.

Demande de légalisation de la culture de la coca à l'ONU

Evo Morales qui a été réélu président d’un syndicat de cocaleros, les cultivateurs de coca, s’est fait le champion de la défense des traditions indiennes et notamment la consommation de la feuille de coca dont il veut obtenir le retrait de la liste des narcotiques de l'ONU. La nouvelle constitution de 2009 stipule d'ailleurs que la coca fait partie du patrimoine culturel du pays, qu'elle est une ressource naturelle renouvelable de la biodiversité bolivienne et un facteur de cohésion sociale. Le chef d'État bolivien avoue lui-même en posséder une parcelle. Historiquement, la feuille de coca est aux yeux des Boliviens un important symbole de l’histoire et de l’identité des peuples indigènes des Andes. Sa mastication le « acuillico » existe bien avant 3000 avant jésus christ. Elle sert de stimulant pour se protéger du mal d’altitude, réduire la sensation de faim, lutter contre le froid et donne aux paysans l'énergie nécessaire pour affronter leurs dures journées de labeur. Dans ces sociétés une branche de feuilles de coca peut constituer un présent de grande valeur. Parfois considérée comme plante sacrée, elle a encore aujourd’hui un usage rituel, médicinale et culturel qui transcende les cultures indigènes. Evo Morales pour qui sa disparition serait synonyme de perte significative d'une partie de la culture ancestrale des peuples indigènes boliviens, mène depuis son accession au pouvoir un combat international pour lever l’interdiction de la culture de cette plante à partir de laquelle est fabriquée la cocaïne.

En mars 2009 Au cours d'une séance plénière de la 52ème conférence de la commission des stupéfiants de l’ONU à Vienne, une feuille de coca à la main et ostensiblement mastiquée peu après, Evo Morales se lança sous les applaudissements de certaines délégations, dans un long plaidoyer pour le retrait de la feuille de coca de la liste des stupéfiants interdits par les conventions internationales . Depuis 1961 la feuille de coca au même titre que la cocaïne fait partie de la liste de  l’ONU des drogues interdites. Une décision qu'il qualifie d'erreur historique et qui fait des millions de Boliviens qui encore aujourd’hui cultivent ou simplement mastiquent la coca des criminels au regard du droit international. Le dirigeant bolivien regretta la confusion faite entre la cocaïne dont il est contre et la feuille de coca qui selon lui n’est pas nocive pour la santé, n’engendre pas de perturbations psychiques ni de dépendance. Il reconnut même en avoir été consommateur pendant 10 ans. Enfin, Il demanda à ce qu'on cesse d'avilir et de criminaliser ce symbole des traditions de son peuple.

Evo Morales voit dans l'usage licite faite par les Boliviens de la feuille de coca qui est mastiquée, infusée, utilisée à titre thérapeutique ou lors des rituels des débouchés économiques pour son pays qui est parmi les plus pauvres au monde. Il a décidé de modifier la loi qui autorisait 12 000 hectares de culture de la coca dans certaines régions des Andes pour faire passer cette superficie cultivable à 20 000 hectares. Le chef d'État s’est même lancé dans un projet de création d’une boisson à base de feuilles de coca baptisée « Coca Colla » qui a vu le jour en janvier 2010. Cette boisson censée rivaliser avec le soda américain doit booster la production de la coca dans le pays selon le gouvernement. Une culture quasi-industrielle qui devrait aussi permettre la fabrication des produits comme des tisanes, des pâtes dentifrices et des liqueurs à base de coca. Cette augmentation de la production de la coca est accueillie avec beaucoup d'inquiétude par l'ONU qui évaluait en 2008 à 54 000 tonnes la quantité de coca produite et à 30 200 hectares les terres réellement consacrées à la culture de la coca en Bolivie. L'ONU qui rappelle également qu'en 2007 dans le Pérou voisin 80% de la production de coca était transformée en cocaïne. Tout ceci montre la difficulté du jeu d'équilibriste auquel se livre le président bolivien qui incite son peuple à produire plus de coca pour améliorer la situation économique du pays et doit veiller à ce qu'aucune partie de cette production ne soit destinée au marché mondial de la cocaïne chiffrée en centaines de milliards de dollars.

L'État bolivien dépassé par un trafic durablement implanté dans le pays

Selon l'ONU la production de coca de la Bolivie dépasse largement ses besoins traditionnels et nourrit en partie le narcotrafic. Avec 195 tonnes par an la Bolivie est le troisième exportateur de cocaïne derrière la Colombie et le Pérou et les fortes prises de 2010 suggèrent un trafic à la hausse. La gravité de la situation est telle que le président Evo Morales n'hésite plus à demander aux producteurs de coca de réduire leur production afin de lutter contre le narcotrafic. Ce narcotrafic qui pourtant injecte des millions de dollars dans le secteur informel de l'économie du pays et représente la seule garantie sérieuse de revenus pour des de milliers de pauvres qui ont cessé de croire aux projets du gouvernement sur la commercialisation licite de la coca. En juillet 2009 déjà la plus grande fabrique de cocaïne du pays d'une capacité de production quotidienne de 100 Kg a été découverte dans le département de Santa Cruz. Le gouvernement s'était alors réjouit de ce coup porté aux narcotrafiquants qui lui permettait de montrer à la communauté internationale la fermeté de son engagement dans la lutte contre le narcotrafic. Un engagement qui suscite un certain scepticisme dans la communauté internationale tant le président bolivien s'est impliqué dans le développement de la culture de la coca. Les critiques auxquelles fait face le gouvernement bolivien ne proviennent pas que des États-Unis qui ont fait de l'éradication de la culture de la coca une des clés de leur lutte contre le trafic de cocaïne, elles proviennent aussi d'une partie de la classe politique brésilienne. Le candidat du Parti de la Sociale Démocratie Brésilienne (PSDB) à la présidence d'octobre 2010 José Serra a publiquement accusé pendant sa campagne électorale la Bolivie d'alimenter 80 à 90% du marché brésilien de la cocaïne. Une situation dont sont conscientes les autorités boliviennes qui en 2009 ont densifié la présence militaire dans les zones frontalières du Brésil et du Paraguay compte tenu de la forte présence des narcotrafiquants dans ces zones. Malheureusement l'État bolivien ne peut seul faire face au trafic de cocaïne en pleine croissance sur son territoire car en plus d'être l'un des principaux producteurs de cocaïne la Bolivie est également un pays de transit de la cocaïne en provenance du Pérou. Le gouvernement bolivien a donc plus que besoin de l'aide de la communauté internationale dans sa lutte contre le narcotrafic.

La difficile collaboration avec un acteur clé de la lutte contre le narcotrafic : les Etats-Unis

En juillet 2010 le président Evo Morales reconnaissait lui-même que la lutte contre le narcotrafic restait l'une des faiblesses structurelles du pays que son gouvernement s'efforce de combattre. Il avouait l'incapacité de la police et des forces armées à traquer efficacement des narcotrafiquants disposant de bien meilleurs moyens matériels et des technologies beaucoup plus avancées. Le gouvernement bolivien a sollicité l'aide des Nations Unies pour coordonner les actions internationales de lutte contre le narcotrafic et doter la Bolivie d’équipements tels que des radars de télécommunication qui permettraient de contrecarrer les cellules de renseignement des narcotrafiquants. Une aide qui pourrait tout autant être apportée par les Américains fortement impliqués dans cette lutte si Evo Morales n’entretenait pas des rapports aussi difficiles avec les Etats-Unis. En 2008 le président bolivien n’a pas hésité à expulser l’agence antidrogue américaine (DEA) pour cause de soupçon de conspiration contre son gouvernement. Les États-Unis premier pays consommateur de cocaïne au monde ne peuvent cependant se permettre de laisser le champ libre aux narcotrafiquants dans le troisième pays exportateur de cocaïne. Alors les deux Etats s’efforcent de collaborer tant bien que mal en tentant de surmonter les différences idéologiques et les problèmes du passé. Mais un partenariat dont les deux acteurs ont des visions aussi diamétralement opposées peut-il efficacement fonctionner ? Pour le dirigeant bolivien le « zéro cocaïne » nécessite un « zéro marché ». A ses yeux tant qu'il y aura un marché de la cocaïne, les feuilles de coca seront déviées vers ce marché aussi rationalisées que puissent être les plantations. Les Etats-Unis sont donc invités à assumer leurs responsabilités en éradiquant d’abord leur marché domestique de consommation de cocaïne. De plus le président bolivien voit dans la volonté américaine de lutter contre le narcotrafic en Amérique du Sud des visées géopolitiques et pire, il accuse États-Unis de se servir du narcotrafic comme prétexte pour discréditer les dirigeants qui luttent pour la libération des peuples. Pour le dirigeant bolivien le combat contre les narcotrafiquants aux côtés des Américains doit se faire sans ingérence intérieure et surtout militaire. Autant d’obstacles, autant de verrous idéologiques dont probablement tirent profit les narcotrafiquants pour pérenniser leur business.


L’embarras du président Evo Morales dans la mésaventure de son chaman illustre la complexité de la problématique de la lutte contre le narcotrafic en Bolivie. Le président socialiste qui en défiant la communauté internationale s’est lancé dans la promotion de la culture de coca pour favoriser l’essor économique de son pays se rend compte qu’il n’a fait qu’amplifier le trafic de cocaïne qu’il prétend pourtant combattre. Son pays est désormais contraint de faire appel à la communauté internationale face au pouvoir des réseaux internationaux de narcotrafiquants. Un combat extrêmement difficile, presque perdu d’avance tant sous une forme ou une autre la consommation de la coca s’est mondialisée et n’est plus le fait de petits peuples vivant dans les Andes soucieux de maintenir les traditions d’antan.

NomeFam